Fiches - Prière pour l'unité des Chrétiens

1er jour  -  Thème : Transformés par le Christ Serviteur

 

Texte : Le Fils de l’homme est venu pour servir (cf. Mc 10,45)

Aujourd’hui, nous rencontrons Jésus qui s’avance vers la victoire en passant par le service. Nous le voyons comme « celui qui est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). Par conséquent, l’Église de Jésus Christ est une communauté de service. La mise en œuvre de nos compétences différentes dans un service commun rendu ensemble à l’humanité rend visible notre unité en Christ.

 

Lectures :        Za 9,9-10 : Un roi juste, victorieux – et humble
Ps 131 : Mon cœur est sans prétentions
Rm 12,3-8 : Nous avons des dons qui diffèrent pour nous permettre de servir
Mc 10,42-45 : Le Fils de l’homme est venu pour servir

 

Commentaire

La venue du Messie et sa victoire se sont accomplies dans le service. Jésus veut qu’un esprit de service emplisse aussi le cœur de ses disciples. Il nous enseigne que la vraie grandeur consiste à servir Dieu et son prochain. Le Christ nous donne le courage de découvrir qu’il est Celui pour qui servir, c’est régner – comme le disait un chrétien des premiers siècles.

La prophétie de Zacharie, portant sur un roi victorieux et humble, s’est accomplie en Jésus Christ. Lui, le Roi de Paix, vient chez les siens, à Jérusalem – la Cité de la Paix. Il ne la conquiert ni par la tromperie ni par la violence ; mais par la douceur et l’humilité.

Le Psaume 131 décrit de manière sommaire mais éloquente l’état de paix spirituelle qui résulte de l’humilité. L’image de la mère et de l’enfant signifie la tendresse de Dieu et la confiance envers lui à laquelle est appelée toute la communauté des croyants.

L’apôtre Paul nous incite à nous évaluer nous-mêmes avec modestie et humilité, et à prendre conscience de nos aptitudes personnelles. S’il y a entre nous une diversité de dons, nous ne formons qu’un seul corps dans le Christ. Dans nos divisions, chacune de nos traditions a été gratifiée par le Seigneur de certains dons que nous sommes appelés à mettre au service des autres.

« Car le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). En étant lui-même serviteur, le Christ a racheté notre refus de servir Dieu. Il s’est donné en exemple pour que soient restaurées toutes les relations entre les personnes humaines : « Si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur – tels sont désormais les normes de grandeur et de préséance.

Dans la Lettre aux Romains, Paul nous rappelle que les dons différents qui nous sont accordés sont destinés au service : prophétie, ministère, enseignement, exhortation, don, capacité à gouverner et miséricorde. Quelle que soit notre diversité, nous ne formons qu’un seul corps dans le Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres. L’usage de notre diversité de dons dans le service commun de l’humanité, rend visible notre unité dans le Christ. L’action commune des chrétiens en faveur de l’humanité, pour combattre la pauvreté et l’ignorance, pour défendre les opprimés, favoriser la paix et préserver la vie, pour développer les sciences, la culture et l’art, sont une expression de cet œcuménisme pratique dont l’Église et le monde ont tant besoin. Imiter le Christ Serviteur, c’est rendre éloquemment témoignage à l’Évangile, en ne touchant pas seulement les esprits mais aussi les cœurs. Ce service commun est un signe de l’avènement du Royaume de Dieu – le Royaume du Christ Serviteur.

Prière

Dieu tout-puissant et éternel, en empruntant la voie royale du service, ton Fils nous conduit de l’arrogance de la désobéissance à l’humilité du cœur. Daigne nous unir les uns aux autres par ton Saint-Esprit, afin qu’à travers le service de nos sœurs et frères puisse se révéler ton véritable visage ; toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

Pistes de réflexion

1. Quelles sont les occasions de service les plus menacées par l’orgueil et l’arrogance ?
2. Que faudrait-il faire pour que l’ensemble des ministères chrétiens soit davantage perçu comme un service ?
3. Dans notre société, qu’est-ce que les chrétiens des diverses traditions peuvent faire davantage ensemble, plutôt qu’isolément, pour révéler le Christ Serviteur ?

 

 

2ème  jour  -  Thème : Transformés par l’attente patiente du Seigneur

 

Texte : Laisse faire maintenant : c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice (Mt 3,15)

Notre attention se porte aujourd’hui sur l’attente patiente du Seigneur. Pour réussir n’importe quel changement, il faut persévérer et faire preuve de patience. Prier Dieu pour parvenir à une transformation, quelle qu’elle soit, c’est aussi un acte de foi et de confiance en ses promesses. Cette attente du Seigneur est fondamentale pour tous ceux qui prient cette semaine pour l’unité visible de l’Église. Toutes les activités œcuméniques demandent du temps, de l’attention mutuelle et une action commune. Nous sommes tous appelés à collaborer à l’œuvre de l’Esprit qui unit les chrétiens.


Lectures :
        1 S 1,1-20 : L’attente confiante et patiente d’Anne

Ps 40 : L’attente patiente du Seigneur
He 11,32-34 : Par la foi, ils conquirent des royaumes, mirent en œuvre la justice
Mt 3,13-17 : Laisse faire maintenant : c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice

Commentaire

La victoire est souvent associée au triomphe immédiat. Chacun sait quel goût prend le succès lorsqu’après une épreuve difficile, vient le tour des félicitations, de la reconnaissance et même des récompenses. Dans un tel moment de joie, tout le monde peine à réaliser que, du point de vue chrétien, la victoire est un processus de transformation à long terme. Cette conception de la victoire transformatrice nous apprend qu’elle advient lorsque Dieu la veut, et non nous-mêmes, ce qui nous invite à une confiance patiente et à une profonde espérance en Dieu.

Anne a témoigné de cette patience dans la confiance et l’espérance. Attendant depuis des années d’être enceinte, elle implorait Dieu d’avoir un enfant, au risque que les larmes de sa prière soient prises pour de l’ivresse par le prêtre se tenant à l’entrée du Temple. Quand Élie l’assura que Dieu exaucerait sa prière, elle se contenta de faire confiance et d’attendre, et cessa d’être triste. Anne conçut et mit au monde un fils auquel elle donna le nom de Samuel. La grande victoire n’est ici remportée ni par des nations ni par des armées, mais par un simple aperçu sur la réalité d’un combat intime et personnel. La confiance et l’espérance d’Anne n’aboutissent pas seulement, en fin de compte, à sa transformation personnelle, mais à celle de son peuple pour qui le Dieu d’Israël est intervenu dans son fils, Samuel.

Le psalmiste fait écho à l’attente patiente d’Anne vis-à-vis du Seigneur, au milieu d’un autre type de combat. Lui aussi a cherché à être délivré d’une situation qui nous reste inconnue, mais que suggère le vocabulaire du « gouffre tumultueux, de la vase des grands fonds ». Il rend grâce à Dieu qui l’a tiré de la honte et de la confusion, et continue de se fier à son amour inébranlable.

L’auteur de la Lettre aux Hébreux rappelle la patience de personnages tels qu’Abraham (6,15) ou d’autres qui furent victorieux par la foi et la confiance en Dieu. Comprendre que Dieu intervient et entre dans le fil de l’histoire humaine évite d’être tenté de triompher en termes humains.

Dans l’Évangile, la voix qui vient des cieux lors du baptême de Jésus, et qui proclame Celui-ci est mon Fils bien-aimé, semble garantir le succès immédiat de sa mission messianique. En résistant au Malin, Jésus, plutôt que de succomber à la tentation d’inaugurer le Royaume de Dieu sans délai, révèle patiemment ce que signifie la vie dans le Royaume à travers sa propre vie et son ministère aboutissant à la mort sur la croix. Si le Royaume de Dieu émerge de façon décisive dans la résurrection, il n’est pas encore pleinement réalisé. La victoire ultime ne se produira que lorsque le Seigneur reviendra. Aussi attendons-nous, avec une espérance et une confiance patientes, en implorant : « Viens, Seigneur Jésus ».

Notre désir ardent de l’unité visible de l’Église doit aussi s’exercer dans une attente patiente et confiante. Notre prière pour l’unité chrétienne est semblable à la prière d’Anne et à celle du psalmiste. Le travail pour l’unité des chrétiens s’apparente aux événements rapportés dans la Lettre aux Hébreux. Si nous attendons patiemment, ce n’est ni par impuissance ni par passivité, mais parce que nous avons profondément confiance en ce que l’unité de l’Église est un don de Dieu et non pas notre œuvre. Cette attente patiente, cette prière et cette confiance nous transforment et nous préparent à l’unité visible de l’Église, non pas conformément à nos plans mais à la manière dont Dieu la donne.

Prière

Dieu fidèle, tu es vrai en tes paroles en tout temps. Fais que, comme Jésus, nous soyons patients et confiants en ton amour inébranlable. Illumine-nous par ton Esprit Saint afin que nous ne fassions pas obstacle à la plénitude de ta justice par nos jugements hâtifs, mais que nous discernions ta sagesse et ton amour en toutes choses ; toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

Pistes de réflexion

1. Quelles sont les situations de notre vie où nous devrions faire davantage confiance aux promesses de Dieu ?
2. En quels domaines de la vie ecclésiale risque-t-on d’être particulièrement tenté d’agir à la hâte ?
3. En quelles situations les chrétiens devraient-ils attendre, et quelles sont celles où ils devraient agir ensemble ?

 

 

3ème jour  -  Thème : Transformés par le Serviteur Souffrant

 

Texte : Le Christ a souffert pour nous (cf. 1 P 2,21)

En ce jour, nous sommes invités à réfléchir à la souffrance du Christ. À la suite du Christ Serviteur Souffrant, les chrétiens sont appelés à la solidarité avec tous ceux qui souffrent. Plus nous nous approchons de la croix du Christ, plus nous nous rapprochons les uns des autres.

 

Lectures          Is 53,3-11 : L’homme de douleurs, familier de la souffrance
Ps 22,12-24 : Il n’a pas rejeté ni réprouvé un malheureux dans la misère
1 P 2,21-25 : Le Christ a souffert pour nous
Lc 24,25-27 : Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela ?

Commentaire

Le paradoxe divin, c’est que Dieu peut convertir la tragédie et le désastre en victoire. Il transforme toutes nos souffrances et infortunes, et l’incroyable souffrance de l’histoire, en une résurrection qui enveloppe le monde entier. Alors même qu’il semble vaincu, il est la véritable victoire dont rien ni personne ne peut triompher.

L’émouvante prophétie d’Isaïe sur le Serviteur souffrant du Seigneur s’est totalement accomplie dans le Christ. Après avoir souffert une terrible agonie, l’Homme de Douleurs verra sa descendance. Nous sommes, nous-mêmes, cette descendance née de la souffrance du Sauveur. Et ainsi, nous ne formons avec lui qu’une seule famille.

On peut dire que le Psaume 22 ne parle pas simplement de Jésus, mais aussi pour Jésus. Le Sauveur lui-même a prié avec ce psaume sur la croix, en reprenant les mots de désolation par lesquels il s’ouvre: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Dans la seconde partie du psaume cependant, la lamentation, la supplication emplie de douleur, se transforme en louange de Dieu pour ses œuvres.

L’apôtre Pierre est un témoin des souffrances du Christ (1 P 5,1) qu’il nous donne en exemple : c’est à cette forme de souffrance par amour que nous sommes appelés. Jésus ne maudissait pas Dieu mais s’en remettait au juste Juge. Ses meurtrissures nous ont guéris et nous ont ramenés à l’unique berger.

Ce n’est qu’à la lumière de la présence du Seigneur et de sa Parole que le dessein de Dieu à travers les souffrances du Messie peut se révéler. Tout comme il en fut pour les disciples sur le chemin d’Emmaüs, Jésus nous accompagne constamment sur le chemin rocailleux de l’existence, rendant nos cœurs brûlants et ouvrant nos yeux au plan mystérieux du salut.

Les chrétiens expérimentent que la souffrance résulte de la fragilité de la condition humaine ; nous reconnaissons cette souffrance dans l’injustice sociale et les situations de persécution. La puissance de la croix nous oriente vers l’unité. C’est là que la souffrance du Christ nous apparaît comme source de miséricorde et de solidarité envers l’ensemble de la famille humaine. Comme le dit un théologien contemporain : plus nous nous approchons de la croix du Christ, plus nous nous rapprochons les uns des autres. Le témoignage que donnent ensemble les chrétiens dans les situations de souffrance acquiert une très grande crédibilité. En étant solidaires de tous ceux qui souffrent, nous apprenons du Serviteur souffrant et crucifié à nous vider de nous-mêmes, à nous abandonner et à nous offrir en sacrifice. Ce sont les dons qu’il nous faut recevoir de son Esprit en cheminant vers l’unité en lui.

 

Prière

Dieu de consolation, tu as transformé la honte de la croix en un signe de victoire. Fais que nous puissions nous rassembler autour de la croix de ton Fils et le célébrer pour la miséricorde qui nous est offerte par ses souffrances. Que l’Esprit Saint ouvre nos yeux et nos cœurs, afin que nous aidions ceux qui souffrent à expérimenter ta proximité ; toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

Pistes de réflexion

1. En quoi notre foi peut-elle nous aider à fournir une réponse à la souffrance de longue durée ?
2. Quels sont les domaines de la souffrance humaine que l’on néglige ou minimise actuellement ?
3. Comment les chrétiens peuvent-ils témoigner ensemble du pouvoir de la croix ?

 

 

4ème jour  -  Thème : Transformés par la victoire du Seigneur sur le mal

 

Texte : Sois vainqueur du mal par le bien (Rm 12,21)

Cette journée nous entraîne plus loin dans le combat contre le mal. La victoire du Christ est un dépassement de tout ce qui porte atteinte à la création de Dieu, et qui nous tient à distance les uns des autres. En Jésus, nous sommes appelés à partager cette vie nouvelle, en luttant avec lui contre ce qui est mauvais en notre monde, et en mettant une confiance renouvelée et notre joie profonde dans ce qui est bon. Tant que nous sommes divisés, nous ne pouvons pas avoir suffisamment de force pour vaincre le mal de notre temps.

Lectures          Ex 23,1-9 : Tu ne suivras pas une majorité qui veut le mal
Ps 1 : Heureux celui qui se plaît dans la loi du Seigneur
Rm 12,17-21 : Sois vainqueur du mal par le bien
Mt 4,1-11 : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte
Commentaire

En Jésus, nous apprenons ce que signifie vraiment le mot « victoire » pour les êtres humains – à savoir le bonheur de partager l’amour de Dieu, en surmontant avec lui tout ce qui nous éloigne les uns des autres. C’est participer à la victoire du Christ sur les forces destructrices qui corrompent l’humanité et toute la création divine. En Jésus, nous pouvons prendre part à une vie nouvelle qui nous appelle à combattre le mal de notre monde avec une confiance renouvelée, et à trouver notre joie dans ce qui est bon.

Les paroles de l’Ancien Testament sont un avertissement catégorique contre tout engagement dans le sens du mal et de l’injustice. L’attitude prise par la majorité ne peut en aucun cas servir d’alibi. Et l’on ne peut prétexter ni du bien-être ni de quelque autre situation de l’existence pour faire le mal.

Le Psaume 1 n’attire pas seulement l’attention sur la nécessité d’observer les commandements, mais surtout sur les joies que cela procure. Celui qui aime la loi du Seigneur plus que tout le reste, est dit heureux et béni. La Parole de Dieu est un guide sûr dans l’adversité, elle constitue l’accomplissement de la sagesse humaine. Celui qui médite la parole de Dieu jour et nuit peut mener une existence très fructueuse pour le bien des autres.

Les admonestations de l’apôtre nous encouragent à être vainqueurs du mal par le bien. Seul, le bien peut venir à bout de l’interminable spirale de la haine et du désir humain de vengeance. Dans le combat pour le bien, tout ne dépend pas des êtres humains. L’apôtre Paul invite néanmoins à ce qu’aucun effort ne soit négligé pour préserver la paix avec autrui. Il a conscience du combat qu’il nous faut sans cesse mener contre notre instinct à nuire à ceux qui nous ont fait du mal. Mais Paul nous appelle à ne pas nous laisser dominer par ces sentiments destructeurs. Faire le bien est vraiment une façon de combattre le mal parmi nous.

Le passage de l’Évangile décrit le combat du Fils de Dieu contre Satan – qui personnifie le mal. La victoire de Jésus sur les tentations au désert se réalise dans Son obéissance au Père, et c’est ce qui le conduit à la croix. La résurrection du Sauveur confirme que c’est bien la bonté de Dieu qui l’emporte en définitive : l’amour est vainqueur de la mort. Le Seigneur ressuscité est proche ! Il nous accompagne en chacun de nos combats contre la tentation et le péché dans le monde. Sa présence invite les chrétiens à agir ensemble pour le bien.

Le scandale vient de ce que nos divisions nous rendent incapables d’avoir suffisamment de force pour lutter contre les maux de notre temps. En étant unis au Christ et en nous réjouissant de sa loi d’amour, nous sommes appelés à partager Sa mission qui consiste à apporter l’espérance sur les lieux d’injustice, de haine et de désespoir.

Prière

Seigneur Jésus Christ, nous te rendons grâce pour ta victoire sur le mal et les divisions. Nous te louons pour ton sacrifice et pour ta résurrection qui a vaincu la mort. Aide-nous dans notre combat quotidien contre toute adversité. Que l’Esprit Saint nous procure force et sagesse afin qu’en te suivant, nous soyons victorieux du mal par le bien, et de la division par la réconciliation. Amen.

Pistes de réflexion

1. Où voyons-nous le mal dans nos propres existences ?
2. Comment notre foi au Christ peut-elle nous aider à vaincre le mal et le Malin ?
3. Quelle leçon pouvons-nous tirer des situations où, dans notre société, la division a fait place à la réconciliation ?

 

 

5ème jour  -  Thème : Transformés par la paix du Christ ressuscité

 

Texte : Jésus se tint au milieu d’eux et il leur dit : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20,19).

Nous célébrons aujourd’hui la paix du Seigneur ressuscité. Le Ressuscité est le grand vainqueur de la mort et du monde des ténèbres. Il rassemble ses disciples qui étaient paralysés par la peur. Il nous ouvre de nouvelles perspectives de vie et d’action en faveur de Son royaume qui vient. Le Seigneur ressuscité unit et fortifie tous les croyants. La paix et l’unité sont les signes de notre transformation par sa résurrection.

Lectures          Ml 4,5-6 : Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils, celui des fils vers leurs pères
Ps 133 : Oh ! quel plaisir, quel bonheur de se trouver entre frères !
Ep 2,14-20 : Pour les réconcilier avec Dieu tous les deux en un seul corps, au moyen de la croix
Jn 20, 19-23 : Jésus se tint au milieu d’eux et il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Commentaire

Le dernier livre de l’Ancien Testament s’achève sur la promesse que Dieu enverra Celui qu’il a choisi pour que l’harmonie et le respect s’instaurent dans toutes les familles. Nous craignons souvent qu’adviennent des conflits entre nations ou des agressions inattendues. Or le prophète Malachie attire notre attention sur l’une des formes de conflits les plus pénibles et les plus persistantes – la déchirure des relations entre les parents et leurs descendants. La restauration de l’unité entre parents et enfants est impossible sans l’aide de Dieu – c’est l’envoyé de Dieu qui accomplit le miracle de transformer les cœurs et les relations entre les personnes.

Le psaume montre combien cette unité entre les personnes peut apporter de joie profonde. L’être humain n’a pas été créé pour être seul, et ne peut se satisfaire d’une atmosphère hostile. Le bonheur consiste à vivre dans une communauté humaine porteuse d’harmonie, de paix, de confiance et de compréhension. Les bonnes relations entre les personnes sont semblables à la rosée qui se pose sur la terre sèche et à une huile parfumée qui procure bien-être et plaisir. Le psaume parle du bonheur de vivre ensemble comme d’une bénédiction et d’un don de Dieu immérité, tout comme la rosée. La vie commune dans l’unité ne se restreint pas qu’aux membres de la famille – elle est plutôt une façon d’exprimer la proximité entre tous ceux qui accueillent la paix de Dieu.

L’épître nous parle de celui qu’annonçait le prophète Malachie. Jésus apporte l’unité parce qu’en son propre corps, il a brisé le mur de séparation entre les personnes. En règle générale, la victoire de l’un implique la chute et la honte dans le clan des vaincus, qui préfèrent se retirer. Jésus ne rejette, n’abat ou n’humilie personne ; il met fin à toute aliénation, Il transforme, guérit et réunit tous les êtres humains pour en faire les membres de la famille de Dieu.

L’Évangile rappelle le don que le Seigneur ressuscité fait à Ses disciples hésitants et terrifiés. La paix soit avec vous – c’est à la fois la salutation du Christ et le don qu’il accorde. C’est aussi une invitation à rechercher la paix avec Dieu et à établir des relations nouvelles et durables au sein de la famille humaine et de toute la création. Jésus a brisé la mort et vaincu le péché. Par le don du Saint-Esprit, le Seigneur Ressuscité invite ses disciples à entrer dans sa propre mission : celle d’apporter la paix, la guérison et le pardon à toute la terre. Tant que les chrétiens demeureront divisés, le monde ne sera pas convaincu de la plénitude de vérité du message évangélique apporté par le Christ à une humanité nouvelle. La paix et l’unité caractérisent cette transformation. Il faut que les Églises s’approprient ces dons et en témoignent, comme membres de l’unique famille de Dieu, édifiée sur la solide fondation dont Jésus est la pierre angulaire.

Prière

Dieu d’amour et de miséricorde, apprends-nous la joie qu’on éprouve à partager ta paix. Emplis-nous de ton Esprit Saint, afin que nous puissions abattre les murs d’hostilité qui nous séparent. Que le Christ ressuscité, qui est notre paix, nous aide à surmonter toute division et à nous unir comme membres de sa maison. Nous te le demandons au nom de Jésus Christ à qui soient rendus, avec toi et le Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Pistes de réflexion

1. Quelles sont les formes de violence de notre société auxquelles nous pouvons nous affronter ensemble, comme chrétiens ?
2. Comment faisons-nous l’expérience d’hostilités cachées qui rejaillissent sur nos relations mutuelles entre communautés chrétiennes ?
3. Comment pouvons-nous apprendre à nous accueillir réciproquement comme le Christ lui-même nous accueille ?

 

 

6ème jour  -  Thème : Transformés par l’amour inébranlable de Dieu

 

Texte : La victoire, c’est notre foi (cf. 1 Jn 5,4)

Notre attention se concentre, en ce jour, sur l’amour inébranlable de Dieu. Le mystère pascal révèle cet amour indéfectible, et nous appelle à un chemin de foi nouveau. Cette foi triomphe de la crainte et ouvre nos cœurs à la puissance de l’Esprit. Elle nous invite à l’amitié avec le Christ, et donc les uns avec les autres.

Lectures          Ha 3,17-19 : Le Seigneur est ma force
Ps 136,1-4 ; 23-26 : Sa fidélité est pour toujours
1 Jn 5,1-6 : La victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi
Jn 15,9-17 : Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime
Commentaire

Dans le texte vétérotestamentaire, c’est la foi en Dieu qui permet de garder l’espérance en dépit de tous les échecs. La lamentation d’Habaquq se transforme en joie pour la fidélité de Dieu qui donne la force face au désespoir.

Le psaume 136 confirme que le souvenir des hauts-faits de Dieu dans l’histoire d’Israël est la preuve de son amour inébranlable. Grâce à l’intervention de Dieu, le peuple d’Israël a fait l’expérience de victoires extraordinaires et surprenantes. Le souvenir des grandes œuvres du salut de Dieu est une source de joie, de gratitude et d’espérance que les croyants expriment depuis des siècles dans leur prière, leurs hymnes de louange et leur musique.

L’épître nous rappelle que ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Il ne s’agit pas nécessairement ici de victoires mesurables selon nos critères humains. La victoire dans le Christ suppose une transformation du cœur, une perception de la réalité terrestre d’un point de vue d’éternité, et une foi dans la victoire définitive sur la mort. Cette force victorieuse, c’est la foi dont Dieu est en même temps la source et le dispensateur. Et sa manifestation la plus parfaite, c’est l’amour.

Dans le texte d’Évangile, le Christ donne à ses disciples l’assurance de l’amour de Dieu qui trouvera sa confirmation définitive dans la mort du Sauveur sur la croix. Il les invite et les appelle en même temps à manifester de l’amour les uns pour les autres. La relation de Jésus à ses disciples se fonde sur l’amour. Il ne les traite pas simplement en disciples, mais il les appelle ses amis. Leur service du Christ consiste à conformer leur vie à l’unique commandement de l’amour, ce qui résulte d’une conviction intérieure et de la foi. Dans un esprit d’amour, même s’il nous semble ne progresser que lentement vers la pleine unité visible, nous ne perdons pas espoir. L’amour inébranlable de Dieu nous rendra capables de dépasser les pires oppositions et les plus profondes divisions. C’est pourquoi la victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi, associée à la puissance transformatrice de l’amour de Dieu.

Prière

Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, par ta résurrection tu as triomphé de la mort, et tu es devenu le Seigneur de la vie. Par amour pour nous, tu nous as choisis pour être tes amis. Fais que l’Esprit Saint nous unisse à toi et les uns aux autres dans l’amitié, afin que nous te servions fidèlement en ce monde et soyons les témoins de ton amour inébranlable ; toi qui vis et règnes avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Pistes de réflexion

1. Comment devrions-nous faire pour exprimer l’amour chrétien dans le contexte des diverses religions et philosophies ?
2. Que devons-nous faire pour devenir des témoins plus crédibles de l’amour inébranlable de Dieu dans un monde divisé ?
3. Comment les disciples du Christ peuvent-ils se soutenir plus visiblement les uns les autres dans l’ensemble du monde ?

 

 

7ème jour  -  Thème : Transformés par le Bon Pasteur

 

Texte : « Pais mes brebis » (Jn 21,17)

Les textes bibliques d’aujourd’hui nous montrent le Seigneur fortifiant son troupeau. Nous sommes appelés, à la suite du Bon Pasteur, à nous affermir les uns les autres dans le Seigneur, à soutenir et à fortifier les faibles et les égarés. Il n’y a qu’un seul Pasteur, et nous sommes son peuple.

 

Lectures          1 S 2,1-10 : Ce n’est point par la force qu’on triomphe
Ps 23 : Ton bâton, ton appui, voilà qui me rassure
Ep 6,10-20 : Armez-vous de force dans le Seigneur
Jn 21,15-19 : Pais mes brebis

Commentaire

Ceux qui doivent l’emporter sur la souffrance, ont besoin du soutien d’en-haut. Ce soutien est donné dans la prière. La force qu’Anne trouve dans la prière fait l’objet du premier chapitre du Livre de Samuel. Au second chapitre, on trouve sa prière d’action de grâce. Elle a compris que certains événements ne pouvaient se produire qu’avec l’aide de Dieu. C’est parce que Dieu l’a voulu qu’Anne et son mari sont devenus parents. Ce texte est un exemple d’affermissement de la foi dans ce qui peut sembler être une situation désespérée. C’est un exemple de victoire.

Le Bon Pasteur du Psaume 23 guide son troupeau, y compris dans les lieux obscurs, en le réconfortant par sa présence. Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur n’ont rien à craindre, même dans les ténèbres de la rupture ou et de la désunion, car leur berger les conduira sur les verts pâturages de la vérité, pour habiter ensemble dans la maison du Seigneur.

Dans la Lettre aux Éphésiens, l’apôtre Paul nous exhorte à être forts dans le Seigneur et de sa force toute-puissante et, pour cela, à revêtir l’armure spirituelle : vérité, justice, annonce de la Bonne Nouvelle, foi, salut, parole de Dieu, prière et intercession.

Le Seigneur ressuscité exhorte Pierre – et, en sa personne, tout disciple – à découvrir qu’il est habité par l’amour de celui qui est le seul vrai berger. Si tu as en toi un tel amour, Pais mes brebis ! Autrement dit, nourris-les, protège-les, prends soin d’elles, fortifie-les – car elles sont à moi et m’appartiennent ! Sois mon bon serviteur et veille sur ceux qui se sont mis à m’aimer et à suivre ma voix. Apprends-leur l’amour mutuel, la collaboration et l’audace dans les détours et les tournants de la vie.

Par la grâce de Dieu, le témoin du Christ qui a été confirmé en nous, nous contraint d’agir ensemble pour l’unité. Nous sommes dotés de l’aptitude et de la connaissance nécessaires pour porter ce témoignage ! Mais le voulons-nous ? Le Bon Pasteur qui, par sa vie, son enseignement et sa conduite, affermit tous ceux qui ont placé leur confiance en sa grâce et son soutien, nous invite à collaborer avec lui inconditionnellement. Ainsi fortifiés, nous serons capables de nous entraider sur la voie de l’unité. Armons-nous donc de force dans le Seigneur, afin de pouvoir en affermir d’autres dans un même témoignage d’amour.

Prière

Toi le Père de tous, tu nous appelles à ne faire qu’un seul troupeau en ton Fils, Jésus Christ ; Il est le Bon Pasteur qui nous invite à reposer dans de verts pâturages, nous conduit près des eaux tranquilles et restaure nos âmes. Fais qu’en le suivant, nous prenions également soin des autres, afin que tous puissent discerner en nous l’amour du seul vrai berger, Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec toi et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Pistes de réflexion

1. Comment le Bon Pasteur nous invite-t-il à encourager, fortifier et restaurer la confiance de ceux qui sont perdus ?
2. Comment les chrétiens de traditions différentes peuvent-ils s’affermir mutuellement en confessant Jésus Christ et en lui rendant témoignage ?
3. Quelle peut-être pour nous, aujourd’hui, la signification de l’exhortation de saint Paul : « Armez-vous de force dans le Seigneur… revêtez l’amure de Dieu » ?

 

 

8ème jour  -  Thème : Réunis dans le Royaume du Christ

 

Texte : Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône (Ap 3,21)

En cette dernière journée de notre Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous célébrons le Règne du Christ. La victoire du Christ nous rend capables d’envisager l’avenir dans l’espérance. Cette victoire triomphe de tout ce qui nous empêche de partager la plénitude de la vie avec lui et les uns avec les autres. Les chrétiens savent que leur unité est avant tout un don de Dieu. Elle fait partie de la victoire glorieuse du Christ sur tout ce qui divise.

Lectures          1 Ch 29,10-13 : Dans ta main, le pouvoir de tout élever et de tout affermir
Ps 21,1-7 : Tu poses sur sa tête une couronne d’or
Ap 3,19b-22 : Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône
Jn 12,23-26 : Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera
Commentaire

Jésus Christ est le premier né d’entre les morts. Il s’est humilié et a été exalté. Le Christ ne se rassasie pas de sa victoire, mais partage son règne et son exaltation avec toute l’humanité.

L’hymne de David, jailli de la joie du roi et de son peuple avant la construction du Temple, est une façon d’exprimer cette vérité que tout arrive par grâce. Même un simple monarque terrestre peut figurer l’image du royaume de Dieu, qui a le pouvoir de tout élever et de tout affermir.

Le psaume royal d’action de grâces poursuit cette idée. La tradition chrétienne lui accorde, elle aussi, une portée messianique ; le Christ est le véritable Roi, celui qui bénit et qui donne la vie, présence parfaite de Dieu au milieu de son peuple. En un sens, cette image peut aussi se référer au peuple. Les êtres humains ne sont-ils pas le couronnement de la création ? Dieu ne veut-il pas nous faire « cohéritiers avec son Fils et « membres de sa famille royale » ?

Les lettres du Livre de l’Apocalypse aux sept Églises locales constituent un message à l’adresse de l’Église de tous les temps et de partout. Ceux qui accueillent le Christ chez eux seront tous invités à partager avec lui le banquet de la vie éternelle. La promesse de siéger sur des trônes, faite auparavant aux Douze, s’étend désormais à tous ceux qui ont obtenu la victoire.

Là où je suis, là aussi sera mon serviteur. On peut rattacher le Je suis de Jésus au nom indicible de Dieu. Le serviteur de Jésus, que le Père honorera, sera là où est le Seigneur, qui siège désormais à la droite du Père pour y régner.

Les chrétiens ont conscience que l’unité entre eux, même si elle requiert des efforts humains, est avant tout un don de Dieu. Elle consiste à partager la victoire du Christ sur le péché, la mort et le mal qui est cause de division. Notre participation à la victoire du Christ aura sa plénitude dans les cieux. Notre témoignage commun rendu à l’Évangile devrait manifester au monde un Dieu qui ne nous restreint ni ne nous domine. Il faudrait que nous annoncions de façon crédible aux gens de notre temps et de notre époque, que la victoire du Christ dépasse tout ce qui nous empêche de partager la plénitude de la vie, avec lui et les uns avec les autres.

 

Prière

Dieu tout puissant qui gouvernes toute chose, apprends-nous à contempler le mystère de ta gloire. Fais que nous acceptions tes dons avec humilité et dans le respect de la dignité de chacun. Que ton Esprit Saint nous affermisse dans les combats spirituels qui se présenteront à nous, afin que notre unité dans le Christ nous fasse régner avec lui dans la gloire. Nous te le demandons par lui qui s’est humilié et a été exalté, et qui vit avec toi et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Pistes de réflexion

1. Comment la fausse humilité et le désir de gloire terrestre se manifestent-ils en nos vies ?
2. Comment exprimons-nous ensemble notre foi dans le Règne du Christ ?
3. Comment vivons-nous ouvertement notre espérance en la venue du Royaume de Dieu ?

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