Veillée de Noël, homélie...

Publié le par paroisse

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre une lumière a resplendi ».


annonce aux bergersCe peuple, il s’envisage dans la figure des bergers, premiers destinataires de la Bonne Nouvelle. Que pouvaient-ils attendre ces bergers en cette nuit étoilée? Que pouvaient-ils espérer, eux qui n’étaient pas plus considérés que les troupeaux qu’ils gardaient ? Que pouvaient-ils leur arriver de mieux, eux qui étaient condamnés à rester dans des conditions de vie précaire, fragile, loin de toute vie sociale, de toute vie humaine ? Au fond la question que nous nous posons pour les bergers, nous pouvons aussi nous la poser. Comment cette venue de l’enfant de Bethléem peut-elle changer nos vies. Au delà de ce qu’il peut y avoir de merveilleux dans cette nuit de Noël, quel est le sens de cette célébration de la naissance de Dieu dans notre monde, en ce petit d’homme couché dans une mangeoire ?

 

Nous avons tous eu la joie de contempler un nouveau né et peut-être même de le tenir dans nos bras. Comme pour les bergers, la première chose que nous ressentons à la vue d’un nouveau né c’est de l’émerveillement. En regardant cette vie qui s’éveille, c’est une joie profonde qui monte de nos cœurs. Le monde pourrait s’écrouler, la bourse pourrait chuter, l’économie mondiale pourrait être ébranlée, rien ne pourrait un instant nous enlever cette joie, cet émerveillement, ce bonheur de contempler la vie qui vient, la vie qui éclot sous nos yeux. Le grand drame de notre humanité, et sans doute surtout de nos sociétés occidentales, c’est qu’il lui manque la joie. Nous avons perdu notre capacité à nous émerveiller de ce qui naît, de ce qui est promesse de vie, germe d’espérance. Nous n’arrivons plus à nous émerveiller de tous ces petits riens qui sont pourtant tant de promesses d’avenir. Nous n’y arrivons plus parce que nous ne les voyons plus. Croyez vous que la vie de ces bergers étaient plus confortables que la notre ? Ne croyez vous pas plutôt qu’ils avaient eux aussi de bonnes raisons de s’inquiéter pour le lendemain, pour leur avenir. Pourtant c’est à eux qu’est annoncée cette Bonne Nouvelle. Certes à vue humaine cette naissance, dans cette mangeoire de Bethléem n’est rien à côté du remue ménage occasionnée dans la ville par le recensement ordonné par l’empereur Auguste. Pourtant, loin de l’agitation du monde, il y a là, dans cette humble mangeoire l’objet de la joie et de l’émerveillement qui peut changer les cœurs. La vraie joie mes amis, nous ne la trouverons pas dans l’agitation humaine, pas plus d’ailleurs dans tous les artifices qui veulent nous la provoquer. La vraie joie qui nous est donnée comme un cadeau, elle jaillit dans nos vies lorsque nous acceptons de nous émerveiller des simples choses  de la vie qui nous sont données, tous ces gestes d’amour, de tendresse, de reconnaissance, d’affection, toutes ces paroles de réconfort, d’encouragement, de soutien, toutes ces présences qui nous font du bien.


naissance

Que peut-on faire alors en nous émerveillant devant un enfant qui vient de naître sinon l’aimer ? Devant l’enfant qui est là, il n’y a plus qu’à laisser parler notre cœur. Que pouvait-il donner ces bergers de Bethléem, eux qui n’avaient rien, sinon un amour gratuit, désintéressé, sans retour. L’émerveillement provoque notre amour. La joie profonde qui jaillit en nous devant la vie qui est là et qui se contemple, fait naître ce désir. Quelque chose en nous se révèle, se réveille devant l’enfant qui est là et qui ne demande rien d’autre que d’être aimé. Ainsi, la venue de Jésus dans notre monde appelle notre être le plus profond à se dire, à se révéler dans un amour vrai. Il s’agit là de la vocation déposée par Dieu dans le cœur et dans l’esprit de chaque homme(1). Car l’amour est le don le plus grand que Dieu ait fait aux hommes, il est sa promesse et notre espérance(2). Devant l’enfant de la crèche, c’est à dire en définitive devant tout être humain nous sommes invités à devenir vraiment nous-mêmes, nous sommes appelés à naître toujours plus en aimant, sûrs que le véritable amour est don de soi, simplicité, gratuité, humilité, sobriété. Comme l’écrit Tite dans sa lettre, la venue de Dieu sur terre en son Fils Jésus Christ nous apprend à rejeter le péché pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux. L’homme ne parviendra à la vérité de son être qu’en acceptant de se libérer de tout ce qui n’est pas lui, de ses désirs de paraître, de ses désirs de puissance et de supériorité mais aussi de ses peurs, peurs du « quand dira-t-on », peurs de perdre ou de manquer, peurs de l’autre, peurs de lui-même. La venue de Jésus dans notre monde inaugure de début d’une humanité nouvelle qui ne peut s’accomplir que dans la réalisation du projet de Dieu et qui se révèle sous nos yeux dans l’enfant de la crèche. Apprendre à donner, apprendre à recevoir, apprendre à aimer et à aimer en vérité.

 

brasouvertsFrères et sœurs, Noël nous invite à ouvrir nos bras pour recevoir Jésus. Noël nous invite à accueillir dans nos vies celui qui peut changer nos vies. Noël n’a rien d’un conte merveilleux qui viendrait nous sortir un instant de nos difficultés du quotidien, de nos problèmes actuels. Noël c’est la prise de conscience qu’un chemin de vie est possible qui ouvre à une vie véritable, à une vie vraie. Accueillir l’enfant Dieu comme nous le faisons ce soir c’est croire que le vrai pouvoir capable de transformer nos existences demeure en celui que le prophète Isaïe appelle le Merveilleux Conseiller, le Dieu fort, le Prince de la Paix. Voilà la vraie puissance qu’il nous faut désirer, la seule capable véritablement de transformer nos vies, la seule capable de nous donner la joie et de nous faire devenir pleinement nous-mêmes, la seule capable de nous révéler le chemin du véritable amour. Cette puissance de vie et d’amour nous la recevons dans nos bras en cette nuit de Noël. C’est Jésus Christ, l’homme Dieu. Alors, ce Jésus qui se livre à nous, qui s’en remet à nous, qui s’abandonne dans nos bras, que choisissons-nous d’en faire ? Que décidons-nous de faire ? (silence) La réponse est entre nos mains. Dieu en appelle à notre responsabilité. Amen

Père Mickaël Le Nezet 


(1) Benoît XVI, Caritas in veritate, Lettre encyclique 2009, n°1

(2) Idem, n°2 

Publié dans Homélie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article